La dure vie de politicard impose quelques
contraintes, comme brasser de l'air
faire régner la loi et l'ordre pour rassurer l'électeur
soupçonneux sur les occupations des jeunes du quartier,
l'utilisation des deniers publics, la puissance des syndicats à
la RATP, la sincérité du Président de la République, la
volonté de désarmement de la Russie, et surtout
le devenir de son numéro de carte bleue sur Internet.
On imagine mal notre brave élu qui confond les diverses
espèces de rongeurs partir seul à la chasse au haxor.
Il risquerait de prendre un mauvais coup et de toute façon,
il n'est pas de la race de ceux qui mettent les mains dans
le cambouis.
En conséquence, il va demander poliment à l'Administration, avec
un grand A (aaaaah), d'appliquer les Lois que le Grand
Législateur avec un grand GL (gleueueu) a pondues.
Laquelle Administration, représentée par un Ministre aux mains
propres qui ne va pas se les salir dans la graisse transmet à un
Préfet, qui communique à un Sous Préfet, qui renvoie à un Commissaire
Super Chef, qui refile à un Commissaire Chef, qui balance à un
Commissaire Sous Chef / Super Grouillot.
Et finalement, c'est le SGDB (Sous Grouillot De Base) qui se
récupère le bâton merdeux.
Remarquez, ça change de la routine, et "faire de l'informatique", ça en jette plus que coffrer des chauffards alcooliques.
À partir de cet instant, le flic devenu cyber va devoir déployer
des trésors de créativité et exploiter son talent à la
débrouille déjà bien développé après quelques années à ramer
contre le courant.
Tout métier demande des outils, mais pas de panique, tout est
prévu dans le budget de fonctionnement des administrations.
Ou presque : dans la police, on trouve des
gyrophares, des gilets pare-balles et des cartouches de calibre
38, mais pour ce qui est des firewalls, sniffers, crackers,
scanners, éplucheur de logs ou même simple connexion Internet,
il faut attendre le prochain plan quinquénal. Si les Rouges
reviennent, s'entend.
Et encore faudra t-il faire comprendre au contrôleur de gestion
que non ! tout ceci n'est pas compris dans la licence
Windows 98.
Quand notre cyber-Colombo aura triomphé des obstacles amusants semés par des énarques facétieux, il découvrira que les ô combien précieuses logs ont été effacées depuis deux ans par les fournisseurs d'accès, en vertu d'une interprétation élastique de la loi Informatique & Liberté qui leur interdirait de les conserver plus d'un an.
Alors, il reviendra tristement aux vraies enquêtes dans la vraie vie, où ce ne sont pas les sites web qui se font massacrer et où les dégats se réparent moins rapidement qu'en informatique...