Dans des temps très anciens, Dieu qui s'emmerdait ferme depuis une éternité créa la terre, les montagnes la lumière et les ténèbres, et alla pioncer, car Il n'avait pas encore inventé la TV.
Le deuxième jour — ben oui, Il a inventé le soir la veille
tas de mécréants décérébrés.
Le deuxième jour, disais-je avant d'être offusqué par tant
d'inculture — Non c'est vrai, qu'est-ce qu'on vous apprend
à l'école ? Dingue ça !
Donc, le deuxième foutu jour, Il créa le ciel où Il put
s'installer sur un petit nuage, et les océans, qui étaient
propres puisque l'homme n'avait pas encore pu y déverser
ses saloperies, et les montagnes enneigées et les remontées
mécaniques. "Et Il vit que cela était bon" — pas
mécontent de lui, le Pépère Éternel.
Le troisième jour, Il fit pousser le pin parasol et le séquoia pâte à papier, le doux cactus et le soyeux chardon, la mangue au goût dégueulasse et la mandarine à pépins. Et Il ne fut pas mécontent — ce qui dénote déjà un fâcheux penchant au foutage de gueule. Et gros dodo.
Le quatrième jour, Il créa les étoiles, la lune et le soleil, et
je me demande bien comment Il s'est démerdé au premier soir. Et
Il vit que tout cela était bon, mais moi, ce que j'en dis, c'est
que c'est vachement brouillon comme plan. Il ne faudra pas
s'étonner si ça part rapidement en vrille.
Enfin bon, Il vit que c'était bon.
Faut quand même pas chier ! C'est qui le Chef
ici ?
Allez, un suppo et au lit !
Ça va, vous suivez ? Pas la peine d'essayer de me coincer, bande de papistes ramollis du bulbe, j'ai les oeuvres complètes du Grand Patron sous le nez.
Le cinquième jour, Il créa les poissons pleins d'arêtes et la carpe farcie, la poule stupide et le canard laqué, et Il fut encore fier de Lui.
Le sixième jour, Il créa le taureau furieux et l'escargot de Bourgogne en prévision d'une histoire idiote de Monsieur Cyclopède, le scarabée fouille-merde et tout un tas de bestioles tout aussi immangeables qu'inutiles, le serpent à sonnette qui pourrait toujours servir de crécelle aux lépreux, et enfin l'homme. Puis la femme, suite à une négociation de marchands de tapis avec ce grand dadais d'Adam.
Et Il vit que tout cela était bon, alors qu'honnêtement, ça devenait vraiment bordélique Son affaire. Quand on voit un lever de soleil sur le désert, on se dit qu'Il aurait pu s'arrêter au premier jour... Mais comme les rares fortes têtes qui ramenèrent leur gueule suivirent Lucifer en exil en youzeurland, on va dire que c'est bien.
Et Dieu s'emmerda ferme.
Alors Dieu se créa un compagnon : l'ordinateur. Et Il joua
à Duke Nukem, et Il vit que c'était bel et bon.
Accessoirement, suite aux mésaventures de Lucifer, personne
n'osait gagner, et Dieu ne se sentait plus.
Petit à petit, Dieu passa de plus en plus de temps sur sa foutue babasse et de moins en moins à s'occuper du monde. Le jour où il eut un dégât des eaux parce qu'Il avait lancé "juste une dernière compilation" pendant qu'Il remplissait sa baignoire, Il se dit qu'il fallait faire quelque chose : Noé aurait peut-être moins de bol à la prochaine release.
Alors Il fit semblant d'être magnanime envers quelques anges déchus, les fit revenir près de Lui et leur dit :
Pour expier vos fautes, vous serez attachés à vie à cet engin de malheur, et serez responsables de son bon fonctionnement. Mais en échange, vous aurez droit de vie et de mort sur ses utilisateurs.
Et Il dit aux hommes :
Do not meddle in the affairs of sysadmins, For they are quick to anger and have no need for subtlety.
Puis Il partit terminer enfin cette foutue partie de Tétris.