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Combats épiques

Dans le cyberespace, les lois de la physique et autres science "exactes" qui ont fait la joie de générations d'étudiants et d'honnêtes hommes ne s'appliquent pas. La sorcellerie et l'irrationnel règnent. Vous vous croyiez à la pointe de la modernité, vous voilà de retour au Moyen-Âge, avec ses légendes, ses preux paladins et ses vils croquants, ses monstres issus de l'enfer et ses vierges à sacrifier...

Hélas, nul clergé fanatique d'un dieu impitoyable n'a encore décidé de brûler ces sales "informaticiens", et cette engeance maudite coule encore des jours heureux à la recherche de quelque mauvais coup projet.

La lie de cette population peu recommandable, dont l'auteur fait partie, rappelons le, serait constituée de "pirates informatiques" de sinistre mémoire, qui hantent la Toile en chasse de quelque faible machine à martyriser.

Enfin, "mémoire", c'est vite dit : rien qui justifie l'achat d'un disque dur ou de barrettes de RAM (gardez les quand même pour faire tourner Windows XP, vous allez en avoir besoin). Et pour la "sinistrose", je vous conseille plutôt la lecture d'un vrai journal bien déprimant comme le Monde Diplomatique. Découvrir à quelle sauce la planète en général et vous en particulier allez être mangés par les fabricants de canons ou les apôtres de théories macro-économiques fumeuses est nettement plus efficace qu'imaginer votre précieux péssé envahi par des hordes de cyberanarchistes Californiens. Si vous tenez à vous faire peur, donnez-vous les moyens !

Bref, côté piratage informatique, on trouve surtout de beaux mythes : mis à part deux ou trois tours pendables, assez pitoyables en comparaison des bonnes blagues de potaches, les "hackers" n'ont jamais rien fait de spectaculaire.

Quant aux preux chevaliers, ils sont plus occupés à organiser la défense de leurs forts qu'ils espèrent inexpugnables qu'à courir la campagne en quête de quelque manant à défier en duel.

Alors... pas de mafia russe, pas de combat titanesque du Bien électronique contre le Mal virtuel. Rien. Que dalle. Ou si peu...

Évidemment, tout ça ne fait pas les affaires du vieux politicon, qui doit choisir entre une apparence de modernité, utile pour limer les crocs un peu trop longs des jeunes loups du parti, et le maintien de la Loi et l'Ordre, demandé par le citoyen bon père de famille toujours soupçonneux sur l'utilisation de ses impôts par les hordes libéralo-trotskistes.

L'ordinateur n'allant pas au politischnok, c'est le polititruc qui ira à la machine, terrassera le mulot gnogno, triomphera des souris gnigni et des rats gnagna, boutera les rongeurs maléfiques hors de l'Occident Chrétien, enverra au bûcher les informaticiens incroyants, les gourous des sectes impies, et rendra le rézo aux ligues de vertus.
Mais n'anticipons pas...

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Vengeur Masqué
Last modified: Sun Jan 19 13:00:54 CET 2003