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Voyage au fin fond du cyberespace
Aucun végétal ne s'y développe, mais le cyberespace est
beaucoup moins propre que le désert cher à Lawrence.
Le promeneur y croisera des tas de détritus,
dont certains carrément nauséabonds, et des
formes de vie "intelligentes" plutôt connes, disons le
franchement. Passée l'excitation liée à l'exotisme,
le paysage est plutôt décevant.
Sur ce cyberdépotoir survivent quelques parasites, charognards
ou bestioles omnivores tenant plus du porc que de l'homme vu
leur goût pour la fange.
- Le scribouillard
-
Dit "journaliste" dans les salons du XVIè.
Le scribouillard répète bêtement, et sans ordre particulier, les
conneries déblatérées par les autres espèces de profiteurs ou
habitants du cyberdépotoir. Il lui arrive de chercher
l'inspiration dans les détritus constituant la trame même du
cyberespace.
Le scribouillard couche ensuite ces "informations" sur du vrai
papier, si possible glacé et vendu fort cher, donc
nécessairement plus sérieux.
- Le politicard
-
dénommé aussi dans les oeuvres du regretté Pierre Desproges
"politichien" ou "politicon".
La probabilité du survie du politicard est proportionnelle au
nombre de décibels qu'il émet dans son bac à sable, appelé
"hémicycle" dans les milieux d'hellénistes pédants (ça veut
dire "moitié de vélo" en dialecte hexagonal commun).
Le politicard dénonce pêle-mêle les bas-fonds du rézo des
rézos sous le terme ô combien poétique de "pédo-nazis". Les
mesures qu'il propose vont
du totalement inefficace au vaguement liberticide, mais toutes
sont rigolotes, c'est déjà ça.
- L'escroc
-
Ou "incubateur de startup", ça fait plus moderne.
L'indice NASDAQ se rapprochant à grand pas de la température
moyenne à l'embouchure de l'Iénisséi en Février, je ne
saurais trop recommander à ceux qui n'ont pas encore changé de
visage et d'identité de foncer acheter un aller simple pour
les îles Kerguelen avant d'être étripés par les hordes de
boursicoteurs en furie.
- Le juriste
-
sans autre nom, car on ne l'appelle pas, il vient quand on n'a
pas besoin de lui.
Il se nourrit des excréments du politicard, tel la larve du
scarabée de la bouse.
À côté de toutes ces sales bêtes venues d'ailleurs
par l'odeur alléchée, des créatures indigènes tentent
de s'épanouir :
- les internautes
- animaux paisibles et candides prêts à avaler toutes les
fadaises soigneusement collectionnées par
Urban Legends.
- des zozos peu recommandables
-
que l'on rencontre aussi ailleurs, mais qui bénéficient ici
d'une quasi impunité, ce qui est pour le moins agaçant.
J'ai du mal à avaler que l'on puisse tolérer au nom de la
liberté (dont on dit qu'elle s'arrête là où commence celle des
autres), des comportements ou des discours qui sont une
atteinte flagrante à celle-ci.
C'est mon côté stalinien ;
désolé ! Je vais aller prendre mes pilules, ça me
passera.
- des "hackers"
-
dont la compétence technique et le QI sont aussi bien répartis
que dans le reste de la population mondiale — doux
euphémisme pour vous expliquer qu'on y trouve beaucoup de
cons, comme partout.
- des marchands du temple
- nettement moins doués que leurs semblables d'il y a 2000
ans. Étant données leurs piètres performances
économiques, aucun cyberdieu n'a jugé bon de descendre de son
cyberciel pour les jeter dehors comme des malpropres.
- quelques flics
- encore plus dépassés par les événements que dans la vraie
vie.
- des hordes de techniciens anonymes
- qui oeuvrent continuellement pour rapiécer la trame du
cybermachin.
Vous ne croyiez quand même pas que ce foutoir tournait tout
seul ?
C'est tout pour aujourd'hui, le décor est planté, la tragédie
peut commencer.
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Vengeur Masqué
Last modified: Sun Jan 19 13:00:52 CET 2003